Suzuki

La fabrique de métiers à tisser devenue constructeur moto

Rien ne prédisposait Michio Suzuki à devenir l’un des grands noms de l’industrie moto. Né à Hamamatsu en 1887, il fonde une fabrique de métiers à tisser baptisée « Suzuki Loom Works » en 1909 alors qu’il a seulement 22 ans.

L’affaire connaît alors un beau succès. Pendant plusieurs décennies, Suzuki se concentre sur l’innovation textile, sans se douter qu’un tout autre domaine allait bientôt faire basculer son destin. Car c’est après la Seconde Guerre mondiale que l’entreprise amorce un virage décisif vers la mobilité.

GSX S 1000 GX

GSX 8R

GSX 8S

La société prend le chemin de la diversification en mettant au point un premier prototype de moteur deux temps ainsi que d’une voiture, l’Austin Seven. Les chaînes de fabrication Suzuki serviront un temps à la conception de munitions avant de se tourner après-guerre vers la fabrication de matériel agricole et de chauffage.

Peu à peu, Suzuki s’adapte aux besoins changeants de la société japonaise, marquée par la reconstruction économique et industrielle. Consciente du potentiel croissant du marché des transports individuels, l’entreprise commence à envisager la production de véhicules motorisés légers, plus accessibles et adaptés aux infrastructures de l’époque. Cette transition marque les prémices de son implication future dans l’industrie automobile et motocycliste.

 

La colleda La colleda

Malgré un premier pas dans le monde de la moto, ce n’est qu’à l’orée des années 60 que Suzuki exploitera le filon qui fera sa renommée avec notamment la naissance du Power Free, un simple vélo équipé d’un monocylindre deux temps.

En 1954, « Suzuki Loom Works » devient officiellement « Suzuki Motor Co. ». Cette même année, la première véritable moto estampillée Suzuki est commercialisée, la Colleda.

Ce modèle marque un tournant dans l’histoire de l’entreprise. La Colleda, bien que modeste, se distingue par sa fiabilité et sa conception soignée, ce qui contribue à asseoir la réputation de Suzuki dans le secteur émergent de la moto. Ce succès encourage la firme à investir davantage dans la recherche et le développement de deux-roues motorisés, jetant ainsi les bases de ce qui deviendra un pilier de son identité industrielle.

La fabrique de métiers à tisser devenue constructeur moto

Les premières Suzuki en Suisse

 Suzuki 250 T20 Crédit : François-Marie Dumas

Le développement de Suzuki en Suisse suit une progression plus mesurée, mais tout aussi significative. Alors que la marque s’impose à l’international dans les années 1960, c’est au cours de cette même décennie que les premières motos Suzuki commencent à circuler sur les routes helvétiques.

Les deux temps japonais, réputés pour leur légèreté, leur fiabilité et leur accessibilité, séduisent rapidement les motocyclistes suisses, notamment les jeunes conducteurs en quête de machines sportives mais abordables. Le relief alpin, exigeant pour les mécaniques, met en valeur les performances des modèles comme la Colleda ou plus tard la T20, qui impressionnent par leur souplesse et leur puissance.

Le réseau de distribution se structure progressivement, porté par l’enthousiasme croissant pour les marques japonaises. Suzuki, grâce à ses modèles compacts, performants et bien positionnés en prix, s’inscrit rapidement parmi les références du marché suisse. À travers les foires moto de Zurich, Genève ou Lausanne, la marque gagne en notoriété et s’installe durablement dans le paysage motocycliste helvétique.

Dans les années 1970, l'arrivée de nouveaux modèles plus puissants et le développement de la gamme GT renforcent la présence de Suzuki dans le pays. Les clubs de motards suisses accueillent avec enthousiasme ces machines capables de rivaliser avec les productions européennes, notamment dans les segments sport et tourisme.

Aujourd’hui encore, la Suisse reste un marché fidèle à Suzuki, tant sur deux roues qu’en automobile, avec une image associée à la robustesse, à la performance accessible, et à l’ingénierie précise – des valeurs qui trouvent un écho tout particulier dans le contexte suisse.

Un échec et des succès

Suzuki GS 750 Suzuki GS 750

Au cours des années 70, la gloire de Suzuki sera assurée par des modèles aussi emblématiques que la GT 250, GT 380, GT 550 ou encore la GT 750 tandis que la marque lève le voile sur ses premiers trails.

En 1974, Suzuki se heurte à l’échec de la RE5 dotée d’un moteur rotatif de type « Wankel » mais rebondira avec un modèle qui marquera durablement les esprits, le RV mieux connu sous le nom Van Van.

En 1977, la GS 750 finira de redorer le blason de la marque.

Le concept sera par la suite décliné en GS 1000 et en GS 580 G qui fera parler d’elle avec sa transmission par arbre. La prochaine innovation viendra en 1981 avec la GSX 1100 S Katana qui décrira les grandes lignes du design des années 80 et 90. Suzuki lancera également la mode des réplicas avec la GSX R750 avant de mettre au point un mythe, celui de la GSX R1100.

Suzuki GSX 1300 RR Hayabusa Suzuki GSX 1300 RR Hayabusa

En 1991 apparaît un modèle lui aussi mythique qui deviendra un véritable best-seller en France, la Bandit.

Basique et bon marché, la Bandit sera en tête des ventes durant des années.

Mais c’est en 1999 que Suzuki frappera un grand coup avec la présentation de sa légendaire GSX 1300 R Hayabusa, une moto hors normes capable d’atteindre plus de 300 km/h grâce à un moteur de 173 chevaux.

Pensée pour repousser les limites de la vitesse sur route, la Hayabusa n’était pas seulement puissante : elle affichait un design aérodynamique unique, fruit de recherches poussées en soufflerie. Sa silhouette fuselée, son nez plongeant et ses courbes tendues lui permettaient de briser la résistance de l’air et de se stabiliser à haute vitesse — une révolution pour l’époque.

Avec ce modèle, Suzuki redéfinit les standards des sportives de série et s’impose dans la course aux motos les plus rapides du monde. La Hayabusa devient rapidement une icône, aussi bien pour ses performances que pour son style audacieux et immédiatement reconnaissable.

Elle restera gravée dans les mémoires et sera même élue comme l’une des plus belles motos du siècle par le Musée Guggenheim, intégrée à l’exposition The Art of the Motorcycle qui rend hommage aux machines ayant marqué l’histoire du design et de la technologie.

Les années 2000

A l’aube des années 2000, la marque se fait plus discrète mais néanmoins toujours très active avec la mise au point de son scooter Burgman 400 suivi du Burgman 650 qui marquera le début des maxi-scooter. Puis ce sera la SV 650 qui viendra renforcer les ventes de la marque.

En 2006, la marque lance le custom Intruder M1800R mu par un moteur bicylindre en V de 1783cm3. L’année suivante, Suzuki présentera son concept Crosscage motorisé par une pile à combustible lors du salon international de Tokyo.

Burgmann 650 Burgmann 650

L’année 2008 sera quant à elle marquée par l’arrivée du concept B King doté du moteur de l’hayabusa 1300 et d’un châssis en aluminium.

Un an plus tard, la GSX-R1000 sera liftée et équipée des dernières innovations développées pour le monde de la course avec notamment une cartographie moteur modifiable au guidon ou encore une fourche Big Piston Fork.

La Gladius fait également son apparition en tant que remplaçante de la SV 650.

En 2013, la marque inaugurera ses nouveautés avec le tout nouveau Burgman 650, la DL 1000 ou encore la Suzuki Intruder C1500T.

Dans les années qui suivent, Suzuki poursuit sa montée en puissance en enrichissant sa gamme et en modernisant ses modèles. La Hayabusa continue de faire parler d’elle grâce à des évolutions techniques tout en conservant son identité mythique. En parallèle, la GSX‑R1000 gagne en efficacité avec une électronique embarquée de plus en plus poussée, inspirée du MotoGP, et la série GSX‑S, plus accessible, séduit un public à la recherche de sensations sportives sur route.

GSX 8R GSX 8R

La famille V‑Strom s’impose elle aussi comme une référence dans le segment trail, avec le lancement de la V‑Strom 1050 en 2020, une machine plus technologique et plus confortable que jamais, puis l’arrivée de la V‑Strom 800 en 2023, qui propose une alternative parfaitement équilibrée entre maniabilité et puissance, idéale pour les motards polyvalents.

Suzuki fait également évoluer son design, ses motorisations et son électronique, en tenant compte des nouvelles normes environnementales et des attentes d’un public de plus en plus connecté. Le tableau de bord TFT, les modes de conduite, l’ABS évolué et le quick‑shifter deviennent des standards sur les modèles récents.

Au salon EICMA 2023, la marque marque un nouveau tournant avec la présentation de la GSX‑S1000GX, un crossover sport-tourer haut de gamme, ainsi que de la GSX‑8R, une sportive mid-size moderne et performante. Ces nouveautés incarnent la volonté de Suzuki de se positionner à la fois sur l’innovation technologique et sur le plaisir de conduite.

En 2025, Suzuki continue d’étoffer son catalogue avec des modèles toujours plus aboutis, mêlant tradition et modernité, tout en restant fidèle à son ADN : proposer des motos fiables, accessibles, performantes et adaptées aux besoins réels des motards d’aujourd’hui.

Plus de 60 ans de passion, de performance et de victoires

Depuis ses premiers tours de roue en compétition dans les années 1960, Suzuki s’est imposée comme l’un des noms les plus respectés du sport moto mondial. Une marque portée par la rigueur japonaise, l’ambition technologique, et surtout, une véritable passion pour la course.

Aujourd’hui encore, cet héritage sportif unique se retrouve dans chaque moto de la gamme. Car chez Suzuki, la performance n’est pas un concept marketing : c’est une culture, un ADN

Suzuki et la compétiton

Grand Prix : au sommet de la vitesse

L’histoire de Suzuki en Championnat du monde de vitesse moto commence en 1960. Dès 1962, la marque remporte son premier titre mondial dans la catégorie 50 cm³ avec Ernst Degner. C’est le début d’une ascension fulgurante.

Mais c’est dans les années 1970 que Suzuki marque véritablement l’histoire en catégorie reine (500 cm³). Avec la mythique RG500, Suzuki remporte quatre titres mondiaux :

Tout d'abord avec Barry Sheene. Charismatique et talentueux, il devient champion du monde en 1976 et 1977. Cela va faire de lui l'icône d’une génération. Marco Lucchinelli (1981) et Franco Uncini (1982) poursuivent cette domination.

En 1993, un autre nom entre dans la légende : Kevin Schwantz, pilote audacieux et spectaculaire, offre à Suzuki un nouveau titre mondial avec la RGV500, machine emblématique des années deux-temps.

Après une période de transition, Suzuki revient au sommet du MotoGP moderne en 2020, avec la GSX-RR, une moto ultra-équilibrée, fiable et rapide. Joan Mir, grâce à sa régularité et au savoir-faire de l’équipe, décroche un titre mondial historique, symbole d’un retour au plus haut niveau.

 Joan Mir, champion du monde avec Suzuki en 2020

Endurance : la régularité de la victoire

Bol d'Or YOSHIMURA Bol d'Or YOSHIMURA

Si la vitesse pure est un art, la résistance sur la durée est une science. Dans le monde de l’endurance, Suzuki est une référence incontestée.

Le Suzuki Endurance Racing Team (SERT) a dominé le Championnat du Monde d’Endurance (EWC) pendant deux décennies, avec plus de 15 titres mondiaux et de nombreuses victoires au 24h du Mans, au Bol d'Or et sur les circuits les plus exigeants du monde.

La clé de ce succès ? Une moto éprouvée : la GSX-R1000, reconnue pour sa fiabilité exceptionnelle, son équilibre mécanique et sa capacité à tenir un rythme constant sur 24 heures de course.

Aujourd’hui, l’héritage perdure à travers l’équipe Yoshimura SERT Motul, alliance entre la France et le Japon, qui continue de gagner au plus haut niveau. Le 21 septembre 2025, Suzuki a remporé son 21e Bol d'Or sur le circuit Paul Ricard en France (un record), le 5e en 6 édition.

SUZUKI GSX R1000R SUZUKI GSX R1000R

SUZUKI GSX R1000R SUZUKI GSX R1000R

Motocross : dominer la terre comme l’asphalte

RM Z450 RM Z450

Suzuki ne s’est pas contentée d’imposer sa loi sur l’asphalte des circuits internationaux. La marque japonaise a également laissé une empreinte profonde dans le monde du motocross, une discipline où la technicité, la robustesse mécanique et l’engagement total du pilote et de la machine sont poussés à l’extrême.

Dès les années 1970, Suzuki devient une référence mondiale du motocross. L’un des plus grands noms de l’histoire du tout-terrain, Roger De Coster, surnommé "The Man", rejoint la marque et y bâtit une légende. Avec cinq titres mondiaux en catégorie 500 cm³ (1971, 1972, 1973, 1975 et 1976), il incarne l’esprit Suzuki : travail, précision et domination. Il est encore aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs pilotes de motocross de tous les temps et l’un des architectes du succès de la marque en tout-terrain.

Dans les années 2000, l’héritage de De Coster se perpétue aux États-Unis, sur les pistes les plus spectaculaires du championnat AMA Motocross. Suzuki signe alors un partenariat emblématique avec Ricky Carmichael, une véritable légende vivante, souvent désigné comme le plus grand pilote de motocross de l’histoire. Avec la Suzuki RM-Z450, Carmichael écrase la concurrence, enchaînant les titres nationaux et les saisons invaincues. Sa confiance en la fiabilité et la performance de Suzuki renforce l’image de la marque auprès de toute une génération de fans et de jeunes pilotes.

De la boue des circuits européens aux sauts vertigineux des pistes américaines, Suzuki a démontré une polyvalence rare, capable de dominer aussi bien dans les disciplines de vitesse que dans les arènes les plus physiques du motocross. Ces succès confirment une chose : la compétition fait partie intégrante de l’ADN Suzuki, quels que soient le terrain, la machine ou l’époque.

L’ADN de la course, dans chaque moto Suzuki

Les motos Suzuki disponibles aujourd’hui chez nous ne sont pas de simples véhicules. Elles sont les héritières vivantes de décennies de compétitions, de technologies testées sur circuit, de victoires légendaires et de savoir-faire accumulé dans les conditions les plus exigeantes du sport moto.

Chaque modèle intègre dans son ADN un peu de cette exigence de performance, de précision technique et de fiabilité éprouvée, caractéristiques qui ont fait la renommée mondiale de Suzuki.

La GSX-R1000 est l’expression pure de cet héritage. Issue des technologies développées en MotoGP, cette machine de haute performance reprend les innovations testées sur la GSX-RR championne du monde. Châssis affûté, moteur explosif, électronique intelligente : elle est pensée pour ceux qui veulent retrouver sur route la rigueur des circuits.

La SV650, véritable icône de la polyvalence, incarne la rigueur, l’équilibre et la maîtrise du pilotage qui ont permis à Suzuki de briller aussi bien en Grand Prix qu’en compétition amateur. Agile en ville, joueuse sur route, formatrice sur piste, elle est la moto idéale pour découvrir – ou redécouvrir – le plaisir pur du deux-roues.

La V-Strom, dans ses versions 650 ou 1050, puise directement dans l’expérience accumulée en endurance. Conçue pour durer, traverser les kilomètres et affronter tous les terrains, elle bénéficie de l’expertise du SERT (Suzuki Endurance Racing Team), plusieurs fois champion du monde. Elle offre une fiabilité, une robustesse et une capacité d’adaptation qui en font une partenaire de voyage exceptionnelle.

V-STROM 1050 V-STROM 1050

GSX R1000R GSX R1000R

Une légende qui continue de vivre sur la route

Suzuki, c’est une histoire faite de victoires, de pilotes mythiques, de machines légendaires. Une marque qui a façonné le sport moto tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Même si la compétition n’est plus sa priorité officielle, l’esprit de la course continue de vivre dans chaque modèle, dans chaque pièce, dans chaque ligne.

Titres du championnat du monde – Pilote

Depuis 1962, Suzuki a remporté 16 titres de champion du monde des pilotes en vitesse moto, des 50cc jusqu’au MotoGP.

Des légendes comme Barry Sheene, Kevin Schwantz ou Joan Mir ont écrit l’histoire de la marque sur les circuits les plus prestigieux.

Un palmarès qui témoigne de la passion, de la performance et de la fiabilité signées Suzuki.

1962 – 50cc – Ernst Degner (GER)
1963 – 125cc – Hugh Anderson (NZE)
1963 – 50cc – Hugh Anderson (NZE)
1964 – 50cc – Hugh Anderson (NZE)
1965 – 125cc – Hugh Anderson (NZE)
1966 – 50cc – Hans-Georg Anscheidt (GER)
1967 – 50cc – Hans-Georg Anscheidt (GER)
1968 – 50cc – Hans-Georg Anscheidt (GER)
1970 – 125cc – Dieter Braun (GER)
1976 – 500cc – Barry Sheene (GBR)
1977 – 500cc – Barry Sheene (GBR)
1981 – 500cc – Marco Lucchinelli (ITA)
1982 – 500cc – Franco Uncini (ITA)
1993 – 500cc – Kevin Schwantz (USA)
2000 – 500cc – Kenny Roberts, Jr. (USA)
2020 – MotoGP – Joan Mir (SPA)

TOTAL : 16

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